03rd juil2012

[Oldies] Apocalypse Now

by Kasilla

Depuis quelque temps déjà, les cinémas Gaumont organisent des soirées projections de vieux films, des classiques du grand cinéma. Il y a 1 mois, j’ai vu passer une newsletter avec une projo pour Apocalypse Now… je m’y suis inscrite de suite.

Alors je ne vais pas m’amuser à vous faire un énième critique de ce film, d’abord parce que je ne pense pas en avoir la légitimité, ensuite parce que depuis 1979, il y en a certainement eues des centaines, voire des milliers.

Non, ce soir j’ai plutôt envie de partager avec vous… j’aimerais tenter de découvrir l’essence de ce qui fait un chef-d’œuvre.

Pour moi, un chef-d’œuvre c’est d’abord une ‘œuvre’. Une création très personnelle qui vient du plus profond de son être… et ça, là il n’y a peut-être que ceux qui créent, les artistes – qu’ils soient écrivains, peintres, musiciens ou cinéastes – qui peuvent me comprendre.

Dans ce cas précis, je suis d’abord arrivé énervé à cette séance. Énervée par ma journée de travail stressante et harassante. Je me suis assise dans cette salle déjà bondée en me disant « Super, je vais me sentir oppressée par tous ces gens autour de moi ». Mais ce ne sont pas les gens qui m’ont le plus oppressée!

Ensuite, la lumière s’est éteinte. Pas de publicité ni de bande-annonce. Tout de suite, cette image, cette scène familière. La jungle et les premières notes de cette musique. Frissons sur tout le corps. Puis la voix de Jim.

Pourtant ce film, je l’ai déjà vu pas mal de fois, peut-être 5, 6 voir 10 fois. Mais là j’ai été absorbée par quelque chose, quelque chose de fort, de perturbant. Puis j’ai été emportée.

Par moments, on a presque l’impression de sentir l’odeur humide de cette jungle, la sueur des soldats, la puanteur des cadavres… l’odeur chimique du napalm. Ces odeurs que la plupart d’entre nous n’ont jamais sentis, là on les sent, on les ressent.

Tout commence par les images. Les clairs-obscurs, les pores de la peau, les traits de la folie. Puis les sons. Le souffle court des hommes pétrifiés par la peur, le râle des agonisants, les rires de ceux dont la raison a basculée. Et toutes ces images, ces sons, vous pénètrent, comme une lance en travers de la poitrine.

Dans ce monde où tout est lisse, poli, javellisé, ici tout est rêche, vous blesse, vous agresse chaque jour. Dans cette vie où tout est éphémère, dilué, aseptisé, ici tout est intemporel, vous agresse et vous laisse une trace, une blessure.

Je suis ressortie de cette séance comme on ressort d’un rêve, ce moment étrange où on ne sait pas encore très bien si on est éveillé ou encore endormi. L’impression vague de ne pas faire partie de ce monde, de cette ‘dimension’, se sentir déphasée. Je me souviens à peine du trajet pour rentrer chez moi.

Alors un chef-d’œuvre c’est quoi au final? C’est quelque chose, qui vous touche, vous remue, vous secoue dans tous les sens, vous bouscule, vous laisse une trace indélébile. Quelque chose que vous essayez de garder le plus longtemps possible, avant d’être rattrapé par votre quotidien, comme un amour qu’on sait pertinemment qu’il ne durera pas, une vie qui vous échappe…

Je ne suis pas journaliste, politicienne ou romancière, il me manque les mots. Mais ce soir je me sens triste, quelque-part j’ai mal… mais je me sens vivante.

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